Cette page est une traduction libre de l'article d'opinion "You Should Be Working On Hardware" de Casey Handmer, publié en 2023.

Deux avertissements chiants d'abord :

• J'ai fais le choix dans la traduction de garder le ton affirmatif de l'auteur, malgré ma tendance à mettre davantage de conditionnel.
• Je n'ai pas trouvé de terme adéquat pour traduire "hardware", qui désigne habituellement du matériel informatique. Cependant le sens dans l'article est plus large, incluant tout type matériel (machines, véhicules, fusées, robots, moteurs divers, ...). Une traduction pourrait être « équipement » (ou pire : « équipement technologique »), « machine », ou « dispositif », « technologie matérielle »... Mais aucune ne m'a semblé naturelle en français et j'ai presque toujours utilisé « matos », qui est tout aussi peu satisfaisante mais qui reflète à mon sens mieux le ton informel de l'article.

Sans plus de tergiversation...

L'article traduit

Ou pourquoi les entreprises de machines impossibles d'Elon Musk ont réussi.

« Pourquoi devrais-je travailler dans la création de matériel ??? »

Je comprends l'angoisse.

Je ne te pose pas cette question parce que je travaille dans ce domaine et que j'aurais besoin que tu valides mes choix de vie discutables.

Et ce n'est pas non plus parce que je trouve que travailler dans ce domaine est le travail le plus gratifiant que j'aie jamais fait.

Tu devrais travailler à créer du matos pour une raison simple : tu n'es pas éternel.

Dans une vie tu n'as que quelques occasions de travailler sur de grands projets, de construire le futur, de participer à faire avancer l'humanité. Alors choisis judicieusement !

« Sur quel type de projet devrais-je travailler ? »

Il doit s'agir d'un projet qui se situe à la limite de tes capacités, afin de pouvoir te développer au maximum et d'en tirer le plus de levier pour faire avancer les choses.

Il doit s'agir de quelque chose que tu as besoin, toi personnellement, de voir exister dans le monde.

Il doit s'agir de quelque chose qui ne serait pas fait si tu n'étais pas là, quelque chose que toi seul veut/peut faire. Tu dois rechercher des marchés inefficaces et concentrer tes efforts dessus.

« Qu'entendez-vous par "marchés inefficaces" ? »

Les entreprises de type SaaS sont matures, c'est-à-dire qu'il y tant de personnes intelligentes qui travaillent sur toutes les permutations possibles de code, que tes contributions ne feraient pas gagner plus de quelques semaines, voire quelques mois, à l'humanité pour développer une innovation. Le secteur des technologies matérielles par contre n'est pas mature, en dehors d'une poignée de secteurs très spécialisés, ayant du coup une forte barrière à l'entrée pour les nouveaux entrants.

La plupart des concepts de matos ne seront jamais imaginés, et encore moins conçus, construits et mis sur le marché. Il y a beaucoup, beaucoup plus de bonnes entreprises à construire qu'il n'y a de personnes qui les construisent. Lorsque vous construisez quelque chose de matériel, vous pouvez faire advenir l'avenir avec plusieurs décennies d'avance !

« Mais je viens de quitter une entreprise et je suis impatient de travailler dans le domaine du capital-risque pour réduire le stress dans notre société et pour aider à mieux répartir le capital »

Ne te laisse pas tenter ! Les choses difficiles sont difficiles. Grosse surprise, hein ! Fais comme Elon ou John Carmack et reste engagé dans le développement technique de ton produit. Un jour, tu seras...

« Quelqu'un d'autre ne peut-il pas le construire ? »

En général, non. Google X et Blue Origin, entre autres, devraient servir d'exemples. Il existe une catégorie d'entreprises de matos qui ne peut pas être catalysée par l'argent seul, peu importe la somme dépensée. Peu importe aussi le délai d'attente qu'accepte le financeur avant de chercher à récupérer sa mise.

Ça signifie que si ta vision de l'avenir inclut une technologie matérielle qui ne peut pas être achetée mais qui doit être construite, le fait de gérer exclusivement une société de SaaS pour te faire des rentrées d'argent [pour financer ce projet matériel sans y prendre part activement comme faiseur] est une stratégie perdante, car le résultat reste le même : il n'y a pas de matos à moins que tu ne te battes pour le concrétiser.

« Mais je ne sais rien sur la conception de matériel, c'est pénalisant non ? »

Alors, ça te met au même stade que l'écrasante majorité des gens. L'humanité n'en est qu'à ses débuts. Certaines personnes en savent plus sur certains types de machines que toi, aujourd'hui. Mais rien de ce qu'ils ont appris n'est au-delà de tes capacités intellectuelles à comprendre en profondeur et tout peut être appris en un temps limité. La première étape consiste à admettre qu'il est temps de lire des livres et de poser des questions stupides. La seconde étape consiste à passer un à trois ans dans les tranchées pour escalader une nouvelle tour de connaissances ésotériques, celle de la conception de matos.

Ça prend du temps, mais c'est une condition préalable à la réussite. La classe des startups de matos suffisamment intéressantes doit être dirigée par ses fondateurs. Ils doivent s'impliquer dans les aspects commerciaux, comme dans les aspects techniques, afin de développer des heuristiques et des intuitions claires, nécessaires pour sortir de la paralysie de l'analyse et se mettre vraiment à construire des trucs.

« Mais je n'ai pas de ressources infinies ! »

L'argent seul ne suffit pas à compenser un manque de vision, un manque de courage ou un manque d'engagement dans la réalisation concrète de l'idée. Réussir à concrétiser matériellement une idée abstraite va nécessiter de surmonter des défis colossaux. Les ressources de chacun sont limitées. Le temps, les compétences, l'attention et surtout le capital sont vitaux.

La plupart des équipements dont l'humanité aurait besoin ne nécessitent pas d'énormes sommes d'argent pour être créés. Des collégiens dévoués peuvent acquérir des compétences dans certaines écoles de stylique. Le modèle d'entreprises basé sur le bootstrapping [NDT : c'est-à-dire sur l'autofinancement grâce aux clients, donc sans faire appel à des investisseurs, afin que les fondateurs conservent le pouvoir de décision] a donné un grand nombre des plus grandes entreprises jamais construites, telles que Ford.

« Je pourrais construire une station spatiale si j'avais l'argent de la NASA ». Ou encore : « je pourrais construire une station spatiale si j'avais un cofondateur techniquement très compétent pour décider comment dépenser ma fortune ». Ce sont les deux faces d'une même médaille, celle de l'échec probable.

« Pourquoi se lancer maintenant ? »

Premièrement : plus tu attends pour commencer à construire du matos, plus tu reportes le moment de sa concrétisation. La réalisation de ce type de techno n'est pas instantanée.

Deuxièmement : le moment est venu. Des changements massifs se préparent dans l'industrie. Il y a plus d'opportunités aujourd'hui de perturber les entreprises historiques et de créer de la richesse, qu'à aucun autre moment lors du siècle dernier.

« Pourriez-vous me donner un exemple de cette stratégie qui fonctionne ? »

En quoi les entreprises d'Elon Musk sont-elles uniques ?

Commençons par énoncer des choses évidentes. SpaceX a fait atterrir plus de fusées au cours de 2023 que le reste du monde n'a réussi à en lancer. Cet exploit apparemment impossible se produit environ deux fois par semaine et a été réalisé pour la première fois par SpaceX en 2015.

Pendant ce temps, Tesla est en passe de vendre près de 2 millions de voitures électriques, alors que ses concurrents, y compris tous les titans de l'automobile, peinent à livrer des véhicules électriques ayant les caractéristiques de la Model S de 2012.

Les entreprises d'Elon ne sont pas uniques dans leur capacité à produire du matos de pointe, mais elles sont (pour autant que je le sache) uniques dans leur capacité à fournir continuellement des innovations qui sont considérées comme « impossibles » par d'autres experts de l'industrie, et qui ont presque certainement fait avancer l'état de l'art de plus d'une décennie.

« Comment ? Pourquoi ? Est-ce que quelqu'un d'autre peut faire ça aussi ? »

À mon avis, le sens des affaires d'Elon, sa capacité de recrutement, son intelligence, son parcours d'immigrant, ou encore son père violent sont exceptionnels, mais pas uniques. Ce qui est unique, c'est que lorsqu'il a lancé SpaceX, il a essayé sans succès d'embaucher un concepteur en chef, et il a du coup dû conserver ce rôle. Et chez Tesla, il a perdu confiance dans la direction technique initiale et a, un peu contre son gré, assumé la responsabilité technique du développement ultérieur des produits.

Dans les deux cas, de son propre aveu, il a commencé par ne presque rien savoir sur les fusées ou les voitures et il a dévoré des livres pendant plusieurs années avant d'acquérir des connaissances utiles. Lorsqu'il a fait le tour des manuels sur les fusées en anglais, il a appris suffisamment d'allemand et de russe pour pouvoir en lire dans ces langues également.

Statistiquement parlant, il y a quelqu'un aux États-Unis qui a survécu à six fusillades, il est donc possible qu'Elon soit simplement chanceux. Mais je ne connais personne qui ait travaillé dans l'une de ses entreprises et qui attribuerait son succès à la chance.

Le fait qu'Elon ait assumé l'autorité technique et commerciale dans ses deux entreprises technologiques prospères, créées il y a vingt ans, constitue une feuille de route pour d'autres créateurs de matos en puissance qui voudraient fonder une entreprise. Cette double casquette technique et commercial permet aux fondateurs en herbe de maximiser leur probabilité de prendre des décisions suffisamment correctes. Personne ne devrait suggérer que la création de Tesla et de SpaceX n'a pas été extrêmement douloureuse à certains moments, mais si tu veux avoir 52 ans, avoir livré des millions de véhicules électriques et avoir fait atterrir des fusées 220 fois, tu dois commencer aujourd'hui.

« Mais que dois-je construire ? »

Tout ce qui te fera sortir du lit le matin, ce dont tu rêves. Ce que l'avenir doit contenir, mais qu'il ne contiendra pas, à moins que tu ne le construises.

Ta contribution particulière consiste à puiser une idée valable dans la mer infinie des possibilités, à déterminer comment elle doit prendre forme dans le monde physique et à trouver un moyen de la connecter au moteur du capitalisme afin qu'elle puisse générer de la richesse et de la valeur de manière autonome pour ses utilisateurs.

« Si vous aviez un temps infini, que construiriez-vous ? »

Si tu me permets d'être laconique, voici ma liste de projets potentiels :

• Sur l'approvisionnement en énergie :

  • La production de combustible synthétique.
  • Une meilleure technique de production de silicium polycristallin. Le processus de Siemens semble paléolithique.
  • Des panneaux solaires flexibles en silicium, installés au sol et très bon marché (< 27.500 euros par MW).
  • Des applications de la radioactivité. L'expression « faire bouillir de l'eau à partir de roches chaudes », ça fait pas terrible.
  • Le contrôle météo.
  • L'altération forcée pour la capture du carbone.
  • L'injection de soufre dans l'atmosphère.
  • La fusion nucléaire contrôlée.
  • Des supraconducteurs à température ambiante.

• Sur les applications d'une énergie bon marché :

  • Des combustibles liquides synthétiques.
  • La production de métaux à faible teneur en carbone et à faible coût. Acier et métaux légers.
  • La synthèse chimique à faible impact. Électrocatalyse de tout.
  • Le dessalement d'eau de mer pour réalimenter des rivières (car la pluie ne suffit plus).
  • Une restauration écologique à l'échelle industrielle. Par exemple, restauration du lac Owens ou encore de la mer d'Aral.

• Sur la santé :

  • L'immortalité.
  • Les utérus artificiels.

• Sur les transports :

  • Des moteurs électriques de remplacement facile à installer, pour voitures.
  • Des moteurs électriques de remplacement facile à installer, pour petits avions.
  • L'ADAV électrique.
  • Une amélioration des monocycles électriques.
  • Le vol électrique à longue distance.
  • Le vol électrique solaire.
  • Des voitures volantes.
  • Des avions spatiaux.
  • Le vol électrique supersonique.
  • Des avions supersoniques moins chers.
  • Des drones plus performants.
  • Du carburant pour l'aviation sans carbone. Développer un état d'esprit d'abondance dans l'aviation.
  • Des zeppelins.
  • Des bateaux électriques.

• Sur la fabrication :

  • L'impression 3D atomique.
  • L'exploitation minière sans impact dans la croûte profonde à l'aide de tunneliers géants et avec un raffinage in situ.
  • Le recyclage atomique.
  • La fabrication compacte (petites usines).
  • La fabrication compacte (prototypage rapide).
  • La fabrication compacte (production de masse avec beaucoup moins de personnel).
  • Résoudre la pénurie de logements.
  • Des bâtiments stylés qui suscitent l'enthousiasme pour l'avenir.

• Sur l'espace :

  • Des applications des vaisseaux spatiaux Starship.
  • La tomographie atmosphérique Starlink.
  • Des technologies utiles pour les villes sur la Lune.
  • Des technologies utiles pour les villes sur Mars :
    • Des fermes solaires
    • La production d'air sur place
    • La production ou l'extraction d'eau sur place
    • Le minage de roches
    • Des usines de combustible
    • Des systèmes de survie
    • La télérobotique de machines lourdes
    • Des structures sous pression (pour les atmosphères artificielles)
    • Des combinaisons spatiales
  • Terraformer Mars.
  • La propulsion par fission nucléaire.
  • La propulsion par fusion nucléaire.
  • La propulsion par antimatière.
  • Des moteurs à distorsion.
  • Le voyage dans le temps.
  • Le RPS atteignant la limite théorique maximale.
  • L'imagerie à pénétration de sol par rayonnement gamma.

• En informatique :

  • Une meilleure IA. La première conscience non humaine depuis les Néandertaliens.
  • Un milliard de milliards d'IA dotées d'une personnalité juridique.
  • Interface cerveau-machine. Ou une meilleure VR.
  • Des robots sauvages.
  • De la poussière brownienne (robots microscopiques volant librement).
  • Des planeurs transocéaniques autonomes à portance dynamique.
  • Des ASIC personnalisés et rapides.

Si tu travailles sur ces sujets et que tu souhaites que j'établisse un lien avec ton entreprise, fais-le moi savoir. Si j'ai oublié des éléments évidents dans l'arbre technologique, fais-le moi savoir aussi.

« Ça fait beaucoup de choses à faire »

L'ampleur et l'importance de ces projets dépassent les limites d'une seule vie humaine. Très peu de ces technologies, voire aucune, ne verra le jour sans créateurs à double casquette très investis. Même si aucun produit ne sera le dernier mot, chaque essai pourrait bien ouvrir des possibilités technologiques inédites.

Ma petite liste personnelle actuelle

Sa liste donne beaucoup d'idées et elle m'inspire une liste de technologies matérielles sur lesquelles je travaillerais si je disposais d'un temps infini, avec certains éléments communs à sa liste. Il s'agit de mon avis actuel, avec sûrement une certaine naïveté dans les idées :

• Sur l'approvisionnement en énergie :

  • Des réacteurs nucléaires miniatures (à poser là où le besoin se trouve et quand c'est pertinent), que ce soit à fission avec les SMR ou une autre technologie à imaginer.
  • La fusion nucléaire contrôlée, y compris les LENR.
    • Quelques vidéos de médiation de Sabine Hossenfelder donnent des aperçus dans ce domaine :
      • "How close is nuclear fusion power?" (octobre 2021).
      • "Cold Fusion is Back (there's just one problem)" (octobre 2022). Les LENR, domaine anciennement appelé « fusion froide », seraient devenues un « piège à réputation » qui dissuaderait les chercheurs de se pencher dessus, en raison de problèmes de charlatanisme, mais surtout que les expériences qui produisent des résultats semblent ne pouvoir que très rarement être répliquées avec succès.
      • "Nuclear Fusion Breakthrough With Hydrogen-Boron" (mars 2023).
      • "Nuclear Fusion: Who'll Be First To Make It Work?" (mars 2023), pour faire un tour d'horizon des technologies explorées pour réaliser une fusion contrôlée utile.
      • "Nuclear Fusion: Rapid Progress for Inertial Confinement" (mars 2024).
      • "This Fusion Startup Is a Strong Newcomer" (avril 2024).
  • Des supraconducteurs à température ambiante.
    • Il y a peut-être des éléments de méthode à reprendre d'une récente expérience de chercheurs cherchant à sélectionner des matériaux candidats pour de nouvelles batteries.

• Sur la santé et les recherche autour :

  • Un réseau de capteurs automatiques à pollens utilisant de l'apprentissage profond pour reconnaître les pollens, pour faire de la prévention (anticiper les pics pour s'en protéger plus efficacement).
    • L'idée vient du « moniteur pollinique » automatique présenté dans ce documentaire d'ARTE, alors qu'auparavant la détection des pollens se faisait apparemment globalement en comptant les grains de pollen à l'œil au microscope (d'où une latence pour les alertes). Des gens fortement allergiques peuvent renoncer à sortir de chez eux en été de peur de se retrouver en quasi-suffocation des suites d'une trop grande exposition aux pollens. C'est un problème qui toucherait davantage les citadins, qui ne seraient pas assez en contact avec les microorganismes et la nature, afin que leur système immunitaire se désensibilise dès le plus jeune âge aux pollens. De plus, certaines particules fines issues de la pollution des voitures dans les villes ont la capacité de casser les grains de pollen, libérant des substances encore plus allergisantes qui sont à l'intérieur.
  • Diviser au moins par dix le coût d'outils habituellement onéreux, avec une qualité similaire pour les mesures, pour pouvoir démocratiser la recherche scientifique à des particuliers ou à des associations.
    • Cela peut s'explorer avec le monde du matériel libre et du DIY.
      • Sur du temps libre, je cherche à reproduire un microscope à fluorescence. Quand il sera terminé (un jour 🥲), je ferai probablement sur ce site un billet « VDM de réplication », pour rigoler ensemble des surprises que j'ai eues et que ce soit utile pour aider d'autres novices à se l'approprier un peu plus facilement, voire à l'améliorer.
    • Une personne téméraire pourrait aussi, si elle veut explorer des chemins moins balisés, tenter de participer au développement de technologies pour la métrologie quantique.

• Sur l'espace :

  • Des moteurs à distorsion. Quelques vidéos de médiation de Sabine Hossenfelder sont inspirantes sur ce domaine :
    • "Is faster-than-light travel possible?" (mai 2020).
    • "Warp Drive News. Seriously!" (novembre 2020).
    • "Are warp drives science now?" (janvier 2022).
    • "Warp Drives: New Simulations" (mars 2024).
    • La recherche sur les moteurs à distorsion peut être financée par les "Warp grants".
  • Le voyage dans l'espace-temps (qui ne voudrait pas d'un TARDIS pour aller explorer l'histoire de l'Univers de ses propres yeux ? 😋)

• Nutrition :

  • Développer des filières autour des chênes alimentaires (comment récolter, traiter et transformer les glands de chênes), comme alternative aux céréales, pour imaginer des alternatives aux monocultures de blé par exemple.
    • Le projet Féculents Sauvages vise à faire redécouvrir les glands pour la nutrition humaine.
    • Une piste qui m'enthousiasme serait de développer des dehesas en partenariat avec des communes pour y planter des chênes, dont les récoltes seraient en partie réalisées par des dispositifs mobiles ou des machines à imaginer et par des gens (accomplissant ainsi une sorte de « vendange des glands »), en amenant ensuite des animaux manger le gros des restes (c'est la « glandée »).
      • Il serait même possible pour des personnes ayant des allergies (ou pour la prévention d'allergies) d'organiser des visites pour qu'ils côtoient les animaux lors de la glandée tout en s'exposant à la nature, avec pour but de désensibiliser son système immunitaire. Il faudrait aussi faire une étude pour valider/infirmer l'intérêt de ces visites.
  • Développer de belles mini-fermes en kit pour produire des fruits et légumes en hydroponie devant sa fenêtre.
    • Le but étant de s'en servir comme d'une sorte de rideau végétal pour atténuer la chaleur qui arrive dans le logement en été, tout en étant une belle décoration et une source de nourriture.

• En informatique :

  • Créer des ordinateurs optiques (et pas uniquement des calculateurs optiques, qui sont des accélérateurs matériels pour certaines opérations très spécifiques. Un ordinateur est Turing-complet, un calculateur ne l'est pas).
  • Créer un ordinateur réversible, au sens du calcul réversible.
  • Réalité virtuelle ou réalité augmentée pertinentes.
    • Dans ce billet issu d'un ancien blog, l'auteur aborde l'influence que l'informatique a eu sur ses rêves, en décrivant comment une pratique encadrée des jeux vidéos l'a aidé à développer un peu par hasard une capacité de rêve lucide, une sorte de « rêve assisté par ordinateur », et comment la réalité virtuelle pourraient décupler cette capacité chez nous. Le rêve lucide pourrait, selon lui, avoir un impact très positif sur notre développement et sur notre rapport à la vie. C'est pourquoi l'article est aussi un manifeste qui appelle à l'appropriation de la réalité virtuelle par la culture libre, pour éviter qu'elle ne soit centralisée chez les GAFAM ou les BATX, ce qui ferait courir un risque de surveillance, mais aussi un risque de privation de liberté pouvant entraver des vocations. L'auteur participe à cette appropriation de la réalité virtuelle en développant son propre projet libre : UNIVERSE.
  • Calcul intensif distribué pour se chauffer gratuitement. Point de magie, de la physique ! Contribuer à un modèle complémentaire à celui des centres de calculs traditionnels : celui d'une ferme distribuée de calcul, avec des nœuds installables chez les particuliers, pour que la chaleur fatale des calculs servent à chauffer l'eau (du ballon d'eau chaude) ou le logement (principalement pendant l'hiver). L'objectif étant que ce chauffage deviennent gratuit pour le locataire/propriétaire, puisqu'il sera payé par le client achetant du temps de calculs. De plus, pour le propriétaire le DPE du logement pourrait être amélioré par ce dispositif.
    • C'est ce que faisait Qarnot en France avec ses radiateurs numériques, avant de se concentrer davantage sur des chaudières numériques, principalement pour des réseaux de chaleur.
    • Il est aussi possible de modifier le ballon d'eau chaude d'un particulier, à l'image de ce que propose Heata en Grande-Bretagne, pour chauffer l'eau gratuitement chez un particulier.
    • Il serait intéressant de développer une technologie majoritairement européenne avec l'arrivée prochaine des processeurs Rhéa-1 de SiPearl. Ces processeurs devraient utiliser une mémoire de type HBM, permettant d'avoir une grande quantité de RAM utilisable directement par le processeur (sans devoir passer par des caches). Couplée à sa capacité annoncée d'inférence pour l'IA, il pourrait être possible de faire tourner de gros LLM en local. Et comme ce n'est probablement qu'une question de temps avant qu'un modèle open source multimodal similaire à GPT-4o n'apparaisse, il serait possible de préserver ainsi un maximum la vie privée tout en offrant des services interactifs de grande qualité[^1], le tout sur une infrastructure souveraine.

Quelle formidable époque pour apprendre et pour entreprendre 😃.

Ces deux listes sont faites pour se servir, alors n'hésite pas. Qui disait déjà que les idées ne valent rien, mais que c'est leur exécution qui importe ? Je ne sais plus. En tout cas, hâtons-nous lentement pour ne pas introduire trop de dette technique matérielle en s'engageant dans un beau projet de matos.

Quelle serait ta liste à toi ? N'hésite pas à me contacter pour me la transmettre, je suis curieux de savoir ce que tu mettrais dedans !

[^1]: Quelques idées en vrac : domotique, des LLM augmentés par des outils, tutorat pour l'école avec un LLM hybride ou MoE, par exemple pour enrichir une plateforme d'apprentissage comme CANDYCE avec des réponses personnalisées et avec une synthèse vocale en temps réel et hors ligne, ...